La genèse de Franck
Propulsé à la tête de l’équipe
première, Franck Haise dispose à priori de peu de leviers d’action à activer.
Commençons par un détour au cœur du
débat Présidentiel, diffusé en mai 2012, avant le second tour de l’élection. Le
chef d’État sortant, Nicolas Sarkozy, s’était voulu moralisateur envers son
adversaire François Hollande : « Lorsque vous êtes élu, vous devenez certes le Président de
ceux qui ont voté pour vous mais vous devenez aussi et surtout celui de ceux qui
n’ont pas voté pour vous. » Une saillie assez vraie en l'occurrence.
L’ex-coach de la réserve pourra
vite vérifier cette observation. Car, oui, il devient l’entraîneur de joueurs qui
peuvent ou pourraient se satisfaire du départ de Montanier comme de ceux qui
peuvent le regretter. Sa première action sera donc de rassembler et de
consolider ce qui a pu se disloquer au fil du temps sous la mandature de PM.
Mais là où la tâche s’annonce
ardue malgré tout c’est que Haise ne peut en aucun cas tout remettre en cause,
comme un coach fraîchement nommé le ferait volontiers auprès d’une équipe en
difficulté et n’ayant aucun socle sur lequel s’appuyer.
Synthèse plus qu’antithèse
Le RCL, bien que beaucoup moins
fringant dans le jeu et ses résultats, n’est pas à l’agonie. Troisième du
classement, à un seul point du second, il reste largement en course pour faire
si ce n’est mieux que l’an passé, au moins aussi bien. Des repères sont donc à
préserver, tout autant que l’égo des joueurs qui ont jusqu’au match de Châteauroux,
toujours assumé le statut du club au regard de son objectif.
L’autre chantier de Haise sera
celui du jeu. Il apparaît peu vraisemblable que les principes de PM soient tous
conservés, mais ils ne peuvent pas non plus être complètement occultés. Car la
défense à trois, présentée par beaucoup d’observateurs comme la seule solution
crédible adaptée aux caractéristiques de l’effectif, et qui a notamment permis
au Racing de détenir la meilleure défense du championnat avant les récents
crashs, ne peut être oubliée. Idem pour l’animation offensive qui bien que
défaillante et n’offrant que peu de possibilités collectives, fait des
artésiens la 4e attaque de L2.
Par ailleurs, le peu de temps
dont il dispose ne permettra pas au technicien la mise en place de principes approfondis
et de stratégies complexes assimilables à moyens termes selon une courbe de
progression individuelle et collective préétablie. Non, il va devoir penser et
agir à court terme, voire à très court terme, si bien que le Directeur Général,
Arnaud Pouille a évoqué « une mission commando jusqu’à la fin de saison »
lors de son intronisation. « L’entraînement spécifique, la capacité à
durer sur le terrain, l’endurcissement, la force morale demeurent les
fondamentaux de la réussite de la mission commando, rappelle le
colonel Rémy du bureau emploi de l’état-major de l'armée de Terre. Ce
dépassement physique et moral, né de la situation d’inconfort du commando,
forge sa capacité de résilience, ainsi que son esprit guerrier. »
Aussi l’on peut s’attendre à un
changement de paradigme et à une mise en condition mentale pour aller chercher ce
qui tend aux bras de l’équipe si tenté qu’elle retrouve le chemin du succès, à
savoir l’accession à la L1. Mais pas à une révolution complète non plus. Haise
va s’appuyer sur les forces en présence du groupe, tout en réactivant toutes
celles qui ont pu être laissées de côté par les choix stratégiques de
Montanier. Les statuts des joueurs vont être conservés voire réaffirmés, tout
en laissant la possibilité de quelques promotions ou de remise en question.
La concurrence à certains postes
pourrait aussi être relancée et il n’est pas impossible que le coach intègre un
jeune de la réserve comme caution d’un esprit de fraîcheur et d’insouciance
face à la pression sans cesse grandissante à mesure que la fin du championnat
approche.
En fédérant ainsi toutes les
énergies, Haise pourrait être l’instigateur d’un nouvel élan permettant au club
du bassin minier d’atteindre l’objectif attendu par des dizaines de milliers de
supporters.
À l'aise !